Massacre d'Egbekaw

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Massacre d'Egbekaw
Image illustrative de l’article Massacre d'Egbekaw
Victimes du massacre.

Date
Lieu Egbekaw, région du Sud-Ouest, Cameroun
Victimes Civils
Type Fusillade de masse, tuerie de masse, incendie volontaire
Morts 25
Blessés 7
Auteurs présumés Séparatistes
Guerre Crise anglophone au Cameroun
Coordonnées 5° 45′ 49″ nord, 9° 18′ 28″ est
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Massacre d'Egbekaw
Géolocalisation sur la carte : Cameroun
(Voir situation sur carte : Cameroun)
Massacre d'Egbekaw

Le massacre d'Egbekaw a lieu le lors de la crise anglophone au Cameroun.

Contexte[modifier | modifier le code]

Depuis fin 2017, un conflit oppose des groupes armés indépendantistes à l'armée régulière, accusés chacun de crimes contre les civils par les ONG internationales et l'ONU, dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun, peuplées principalement par la minorité anglophone de ce pays d'Afrique centrale majoritairement francophone[1]. Les rebelles séparatistes, s'attaquent fréquemment à des civils qu'ils accusent de « collaborer » avec le pouvoir central. Les forces de sécurité sont également régulièrement accusées par les ONG internationales et l'ONU de « bavures », tueries et autres tortures sur des civils qu'elles soupçonnent de sympathiser avec les rebelles[2].

Début juillet 2023, Amnesty International s'est de nouveau alarmée d'« atrocités » dont sont victimes les civils, énumérant des « exécutions extrajudiciaires », « homicides », y compris de femmes et d'enfants, « tortures » et « viols », perpétrés par les séparatistes armés comme par des membres des forces de sécurité[3].

Le 4 octobre 2023, deux villageois sont tués sur le marché du village de Guzang, dans la région du Nord-Ouest, par un groupe qui les accusait de renseigner l'armée[4].

Le , jour du massacre, des célébrations sont organisées par le parti au pouvoir, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), pour marquer les 41 ans, jour pour jour, de l'arrivée au pouvoir du président Paul Biya[5].

Déroulement[modifier | modifier le code]

Selon les récits du préfet du département de la Manyu, Viang Mekala à la radio nationale, en plein milieu de la nuit, des terroristes attaquent au moyen d'armes à feu et d'armes traditionnelles. Durant l'attaque, des dizaines de maisons sont incendiées[6] et deux femmes auraient été agressées sexuellement[7].

Un habitant du village raconte à l'AFP qu'à 4 h du matin, des jeunes gens armés viennent tirer sur les habitants endormis dans leurs maisons et mettent le feu à tout un îlot urbain[8].

Selon RFI, l'attaque s'est produite un peu avant 4 h. Les populations sont surprises dans leur sommeil par les flammes d'un incendie criminel, et celles qui essayent de s'échapper sont abattues par balles[9].

Bilan humain[modifier | modifier le code]

Les responsables de la sécurité et les autorités locales affirment qu'une vingtaine de personnes, dont des femmes et des enfants, sont mortes dans l'attaque[10]. Un officier de la gendarmerie locale affirme à l'AFP que le bilan provisoire est de 23 morts. Un résident fait le même constat[11]. Un responsable de la Commission des droits de l’homme du Cameroun (CDHC) évoque un bilan provisoire de 15 morts[12]. RFI évoque 24 morts[13]. Le Centre pour les droits de l'homme et la démocratie en Afrique (CDHDA) fait état de 30 morts[14].

Le , le ministère de la Communication affirme dans un communiqué que le bilan s'alourdit à « 25 morts » dont « 19 hommes, cinq femmes et un enfant de 8 ans »[15].

Responsabilité[modifier | modifier le code]

Aucune revendication n'a suivie l'attaque[16]. Néanmoins, le gouvernement et les médias d'État l'attribuent aux rebelles séparatistes[17]. Le , le ministère de la Communication accuse dans un communiqué « le groupuscule sécessionniste terroriste appelé Manyu Unity Warriors » d'avoir commis le massacre[18].

L'agence de presse Cameroon News Agency attribue la tuerie aux Tigres de l'Ambazonie, la décrivant comme une représailles après l'embauche par les locaux de mercenaires nigérians, responsables de la mort d'un membre du groupe armé[19].

Conséquence[modifier | modifier le code]

Déplacement de populations[modifier | modifier le code]

Dans un rapport paru le , le Bureau de la coordination des affaires humanitaires indique que 380 personnes dont des femmes et des enfants ont fuient le village à la suite du massacre[20].

Réactions[modifier | modifier le code]

Nationales[modifier | modifier le code]

Le Premier ministre, Joseph Dion Ngute, déclare sur Twitter : « Je suis profondément choqué et attristé par l'attaque survenue à Mamfe la nuit dernière. Je condamne fermement ces actes de terrorisme contre des citoyens innocents, dont le seul objectif est de porter atteinte à la paix et à la sécurité de nos communautés. Odieux! Déplorable! Mes condoléances aux familles endeuillées »[21]. L'entrepreneuse Rebecca Enonchong qualifie l'attaque de « terreur », de « méprisable » et de « barbare ». Elle appelle le gouvernement à « briser le cycle de la violence et à trouver une solution à ce conflit qui affecte la région »[22]. L'homme politique Serge Espoir Matomba condamne l'attaque et souhaite que « toute la lumière soit faite »[23].

Sur les réseaux sociaux notamment sur Facebook, plusieurs personnalités de la musique, du cinéma et de la beauté rendent hommages aux victimes parmi elles les chanteurs et chanteuses Mani Bella et Salatiel, l'actrice Muriel Blanche et l'ex-Miss Cameroun, Julia Samantha Edima[24].

L'homme politique Maurice Kamto condamne le massacre, présente ses condoléances aux familles éprouvées et appelle à un « dialogue inclusif » pour résoudre le conflit[25]. Le gouvernement condamne « avec la plus grande fermeté l'attaque dirigée contre les personnes innocentes par une bande de terroristes dont le seul but est de semer la terreur et la désolation dans les familles ». Le ministère de la Communication déclare qu'une enquête est ouverte et qu'elle est conduite par les forces de défense et de sécurité[26].

Dans un communiqué adressé au gouverneur de la région du Sud-Ouest, le président de la République, Paul Biya condamne fermement l'attaque[27].

« J'ai pris connaissance avec émoi, du bilan humain elevé, suite à l'attaque lâche et barbare perpetrée par un groupe armé dans la ville de Mamfé. Je condamne avec fermeté cet acte horrible qui a ôté la vie à d'innocents et paisibles citoyens. J'ai instruit les autorités compétentes d'organiser en urgence, l'assistance aux familles des victimes et aux blessés. Je vous demande également de rassurer les familles endeuillées et nos concitoyens du Sud-Ouest que tous les moyens possibles seront déployés pour retrouver et punir les coupables avec toute la rigueur de la loi. Toutes les entreprises qui sèment l'insécurité dans notre pays seront toujours vouées à l'échec, car l'unité et la stabilité de notre nation sont notre le bien le plus précieux. »

Lors de l'ouverture de la 3e session ordinaire, le Sénat observe une minute de silence en hommage aux victimes[28]. Le président de la chambre haute du Parlement, Marcel Niat Njifenji condamne l'attaque et exprime sa compassion aux victimes[29].

« Rien ne peut expliquer que l’on s’en prenne lâchement à de paisibles citoyens. J’exhorte le gouvernement à prendre toutes les mesures pour retrouver les auteurs des odieux massacres de Mamfé et les traduire devant les tribunaux »

Internationales[modifier | modifier le code]

Le président de l'Union africaine, Moussa Faki condamne l'attaque contre les civils et adresse ses condoléances aux familles des victimes dans un tweet[30].

« Je condamne dans les termes les plus fermes l'horrible attaque terroriste survenue à Egbekaw, Mamfe, dans la région du Sud-Ouest du Cameroun, qui a fait plus de 20 morts parmi les civils et détruit leurs maisons. Mes sincères condoléances aux familles endeuillées, au peuple et au gouvernement de Cameroun. »

Dans un communiqué, la Commission africaine des droits de l'homme et des peuples (CADHP) condamne fermement l'attaque et présente ses condoléances aux familles éprouvées, au Gouvernement et au peuple camerounais. La Commission se dit préoccupée par la détérioration continue de la situation des droits de l’homme dans les régions anglophones et par la persistance du conflit[31].

Le secrétaire général de l'ONU, António Guterres condamne fermement l'attaque et souligne que les attaques à l'encontre des populations sont inacceptables. Il présente ses plus sincères condoléances aux familles affectées et demande au gouvernement camerounais de mener une enquête et de veiller à ce que les responsables répondent de leurs actes[32].

Le haut représentant de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité et vice-président de la Commission européenne, Josep Borrell déclare sur Twitter : « Plus de 50 personnes ont été tuées hier à Egbekaw, dans la région du Sud-Ouest du Cameroun. Ce conflit dure depuis trop longtemps et fait beaucoup trop de victimes et de déplacés. Il est urgent de mettre fin à la violence et d'œuvrer pour une solution politique et pacifique. »[33].

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Cameroun : une attaque de séparatistes anglophones a fait au moins 20 morts | TV5MONDE - Informations », sur TV5 Monde, (consulté le )
  2. « Cameroun : une attaque de séparatistes anglophones a fait au moins 20 morts | TV5MONDE - Informations », sur TV5 Monde, (consulté le )
  3. « Cameroun : Amnesty dénonce les «atrocités» commises sur les civils anglophones par chaque camp », sur Le Figaro, (consulté le )
  4. « Au Cameroun, les séparatistes exécutent deux civils en public – Jeune Afrique », sur Jeune Afrique (consulté le )
  5. « Cameroun: le RDPC fête les 41 ans au pouvoir de Biya et l'appelle à se représenter », sur RFI, (consulté le )
  6. « Cameroun : au moins 20 morts dans une attaque de séparatistes anglophones », sur Le Figaro, (consulté le )
  7. (en) « Cameroon: South-West region - Note n°1 on Egbekaw: Needs and response update, 9 November 2023 - Cameroon | ReliefWeb », sur ReliefWeb, (consulté le )
  8. « Cameroun : au moins 20 morts dans une attaque de séparatistes anglophones », sur Le Figaro, (consulté le )
  9. « Cameroun: au moins 24 civils tués lors d’une attaque d’un groupe armé à Mamfe », sur RFI, (consulté le )
  10. « Au moins 20 morts dans une attaque de séparatistes au Cameroun », sur 20 Minutes, (consulté le )
  11. « Cameroun : au moins vingt morts dans une attaque de « séparatistes » anglophones », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  12. « Cameroun : au moins vingt morts dans une attaque de « séparatistes » anglophones », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  13. « Cameroun: au moins 24 civils tués lors d’une attaque d’un groupe armé à Mamfe », sur RFI, (consulté le )
  14. (en-US) « Statement on the killings and burnings in Egbekaw village; Mamfe central, Manyu division South West Region – Centre for Human Rights and Democracy in Africa », (consulté le )
  15. AfricaNews, « Cameroun : le bilan de l'attaque des séparatistes anglophones s'alourdit à 25 morts », sur Africanews, 2023-11-08cet16:59:08+01:00 (consulté le )
  16. (en) « Separatist gunmen kill at least 20 in Cameroon », sur Al Jazeera (consulté le )
  17. « Cameroun : une attaque de séparatistes anglophones fait au moins 20 morts, dont des enfants », sur France 24, (consulté le )
  18. AfricaNews, « Cameroun : le bilan de l'attaque des séparatistes anglophones s'alourdit à 25 morts », sur Africanews, 2023-11-08cet16:59:08+01:00 (consulté le )
  19. (en-US) « Manyu: More than 30 die in Amba attack », sur Cameroon News Agency (consulté le )
  20. Albert Atangana, « Mamfe : au moins 380 déplacés après le dernier massacre », sur Mimi Mefo Info, (consulté le )
  21. Peter Kum, « Cameroun / Massacre des civils en zone anglophone : Le Premier ministre « choqué et attristé » », sur Alwihda (consulté le )
  22. « Crise anglophone : Rebecca Enonchong appelle le gouvernement à stopper « le cycle de violence » », sur Le bled parle, (consulté le )
  23. Marturin Atcha, « Massacre de Mamfé: Serge Matomba espère que les coupables seront punis », Actu Cameroun,‎ (lire en ligne)
  24. (en-GB) Washira Helene, « Cameroonian celebrities express grief, outrage over Mamfe massacre », sur Mimi Mefo Info, (consulté le )
  25. « Massacre de Mamfé : Maurice Kamto appelle à un vrai « dialogue inclusif » », sur Lebledparle, (consulté le )
  26. « Cameroun : le gouvernement condamne l'attaque terroriste dans la région anglophone - Xinhua - french.news.cn », sur Xinhua (consulté le )
  27. Marturin Atcha, « Massacre de Mamfé: Paul Biya condamne avec fermeté une attaque lâche et barbare », Actu Cameroun,‎ (lire en ligne)
  28. « Attaque de Mamfe : le Sénat condamne », sur Cameroon Tribune (consulté le )
  29. Dieudonné Zra, « #Parlement: Niat Njifenji condamne la barbarie de Mamfé », sur Cameroon Radio Television, (consulté le )
  30. Peter Kum, « Cameroun: Le Président de l’UA condamne l’attaque meurtrière contre les civils en zone Anglophone », sur Alwihda Info - Actualités TCHAD, Afrique, International (consulté le )
  31. « Communiqué de presse sur les tueries de plus de plusieurs civils à Egbekaw dans la localité de Mamfé, région du Sud-Ouest de la République du Cameroun », sur Commission africaine des droits de l'homme et des peuples, (consulté le )
  32. « Cameroun: le Secrétaire général condamne fermement l’attaque du 6 novembre contre des civils à Egbekaw, dans la région du Sud-Ouest | UN Press », sur press.un.org (consulté le )
  33. (en) « More than 50 people were killed yesterday in Egbekaw, in Cameroon's South West Region. This conflict has been lasting far too long, with far too many victims and displaced people. It is urgent to put an end to violence and to work for a political and peaceful solution. », sur X (formerly Twitter) (consulté le )